Déplacements
Les pièces accumulées durant le temps de la résidence de Rachel Poignant sont une collection d'accidents : ce sont des rebuts, des déchets de la machine relevés par l'artiste. Quelques lignes écrites rétrospectivement par Rachel Poignant au sujet de ses premières réalisations étonnent par leur écho avec la démarche suivies au cours de la résidence : « en amont de la production, fabriquer/suivre/observer. Déclarativement sans projet, je veux être au plus près de la chose en train de se faire ». C'est en effet cette attitude qu'a adoptée l'artiste, suivant la chaine de production et récoltant les morceaux de terre formés par la machine. A cette activité se sont ajoutés des gestes sur la matière, empruntés souvent à celui des ouvriers qui interviennent sur la chaine, des gestes techniques donc, conditionnés par la machine qui se trouvent ainsi devenir des gestes premiers d'un travail sculpturale de l'argile. Il s'ensuit que l'ensemble des réalisations forment un aller – retour entre la machine et le geste, sans que le second prennent le pas sur l'autre mais comme deux manières d'être « au plus près de la chose en train de se faire ». Si Rachel Poignant utilise le terme de « pièces » au sujet de son travail, c'est pour souligner que chaque réalisation s'inscrit dans se « faire » comme un processus, celui de la résidence bien sûr, mais aussi et plus généralement celui d'une démarche qui travaille dans un temps long.