Mon intérêt s’est porté très tôt sur les processus de mise en forme. Un des premiers procédés que j’ai expérimentés est le moulage de moulages (MDM). Il consistait à mouler des objets indifférenciés (non symboliques, non affectifs…) mais issus d’une production industrielle par moulage, puis à re-mouler les moulages indéfiniment, sans limite pré-établie. À quel moment commence la sculpture ? Quand, et pourquoi, interrompre un processus potentiellement infini ? Jusqu’où différer la forme ? Les questionnements s’accumulaient au fil du processus.
J’engageai une série de chaînes opératoires à partir d’objets – moule à gâteaux, cuvette, petite chaise, baignoire d’enfant… – qui grossissaient, se déformaient par moulage successif. J’inversais parfois le processus en moulant vers le plus petit, jusqu’à ce que mes doigts ne puissent plus intervenir. Cette histoire a duré deux ans, générant un travail en arborescence et des séries de sculptures gigognes.
Cette période de travail intense m’a permis de trouver ma position comme sculpteure : en amont de la production, fabriquer/suivre/observer. Déclarativement sans projet, je veux être au plus près de la chose en train de se faire. |
MDM, 1990, plâtre, photographie de pièces disparues
MDM, 1991, plâtre, photographie de pièces disparues
MDM, 1992, plâtre, photographie de pièces disparues
Vue de l'exposition rétrospective "Générations" 2017 / © Ernest Winczyk